Ravagé par les flammes en 2016, le site industriel broyard a inauguré sa nouvelle usine mardi.
De l’imposante bâtisse historique du moulin Bossy de Cousset (FR), à deux pas de Corcelles-près-Payerne, il ne reste rien. Ravagé par un incendie en août 2016, le site n’a pu conserver que son silo de 58 mètres et une petite halle de production attenante. Six ans plus tard, l’entreprise Bossy Céréales, l’un des leaders suisses en matière de protéines végétales texturées (PVT), inaugurait mardi ses nouvelles infrastructures de production. Pas encore entièrement équipés, les lieux proposent 12’000 m² de plancher et sont équipés de 1550 panneaux solaires.
«Du jour au lendemain, on a perdu la plupart de nos clients, notamment dans la grande distribution. On y revient gentiment, mais ce n’est plus forcément notre objectif prioritaire», a présenté Marc Folli, chef d’exploitation. Spécialisée dans la production de denrées alimentaires à base de céréales comme les mélanges de muesli, la fabrication des flakes ou les granolas, l’entreprise broyarde va se concentrer sur le marché de l’extrusion par voie sèche. Elle avait installé une première ligne de production dès 1990. Elle en comptera quatre à la fin de l’année.
«La production de PVT sera le substitut à la viande, 100% végétal, que nous allons principalement développer avec nos nouvelles lignes de production. Je crois que l’avenir alimentaire passera par ces protéines et nous souhaitons y contribuer», souligne Simon-Pierre Kerbage, CEO de Bossy Céréales. Par rapport à la production de viande animale, les protéines végétales texturées ont un bien meilleur bilan carbone et sollicitent notamment 25 à 30 fois moins d’eau. Leur prix aussi est attractif.
Production quadruplée
Dès 2023, la production annuelle de céréales devrait passer de 4000 à 6000 tonnes ces dernières années à plus de 20’000. Quant au chiffre d’affaires, qui a diminué de 5 à 6 millions de francs avant 2016 à 2,5 millions en 2021, il devrait grimper à plus de 10 millions. Mais pour en arriver là, Bossy Céréales a dû avaler pas mal de couleuvres.
Depuis 2013, la société travaillait sur un projet d’agrandissement. Suite à l’incendie, il a fallu passer par un nouveau plan d’affectation, qui a drainé son lot d’oppositions. La procédure judiciaire a duré plus de deux ans. Il en a fallu autant pour bâtir le nouveau centre, abritant l’administration, des salles de réunion et de travail, un appartement pour les partenaires commerciaux, un parking souterrain, divers locaux et les halles de production et stockage.
Dans l’intervalle, l’usine broyarde, la seule en Suisse à proposer du boulgour, a dû chercher des solutions, délocalisant ses activités temporairement à Avenches. «En termes de logistique, ce n’était pas évident de faire les trajets entre Cousset et Avenches», souffle Marc Folli.
Cent septante ans d’histoire
La société a été fondée en 1852 par la famille Chuard pour collecter le blé des agriculteurs de la région. Le témoin est rapidement transmis à la famille Bossy, jusque dans les années 70. Auparavant, le silo a été construit en 1960. Issu d’une famille libanaise active dans la meunerie, Simon-Pierre Kerbage en a pris la direction en 1999, après être venu en Suisse pour suivre une école de meunerie. Il n’est jamais rentré au pays.
Le développement du site industriel ne devrait pas s’arrêter avec l’aménagement des lignes de production. Outre la parcelle de 15’000 m² abritant son nouveau centre, Bossy Céréales possède encore 90’000 m² de terres à proximité, dont 12’000 pourraient prochainement changer d’affectation. Un quartier mixte d’habitation et d’industrie pourrait voir le jour.
Vous pouvez également consulter l’article sur le site du journal 24 Heures (source de l’article).